l'usage de chat GPT en entreprise quels impacts ?

L’émergence des technologies d’intelligence artificielle, et notamment de celles dites « génératives », comme Chat GPT, suscite des questionnements sur leurs usages et leurs répercussions dans notre quotidien, et plus particulièrement encore dans le Monde du travail.

Pour rappel, et selon la Cnil[1], une intelligence artificielle générative est un système capable de créer du texte, des images ou d’autres contenus (musique, vidéo, voix, etc.) à partir d’une instruction donnée par un utilisateur humain.

L’outil Chat GPT, créé par l’entreprise californienne OpenAI, en fait partie. Il permet de produire un texte en réponse à une question posée sans intervention humaine et à partir d’une masse de données.

De nos jours, cet outil semble présenter des opportunités remarquables autant qu’il suscite des inquiétudes.

Il est vrai que ces technologies peuvent d’entrainer des changements et des bouleversements significatifs en entreprises et pour les travailleurs étant donné qu’elles touchent tous les domaines et qu’elles sont accessibles à tous. Nombreuses sont d’ailleurs les personnes qui s’inquiètent des impacts à venir, notamment pour la sécurité de l’emploi.

Les questions et craintes qui entourent ces technologies s’expliquent par leur nouveauté et le flou juridique encore existant.

Beaucoup se demandent quels sont les avantages et les opportunités de ces outils mais également quels les risques et les points de vigilance que nous devons prendre en compte.

Ces interrogations permettent d’alimenter la réflexion quant au développement de ces technologies, et espérons-le, pourraient aboutir à une coexistence harmonieuse entre intelligences artificielles et travailleurs, contribuant ainsi à la construction d’un avenir professionnel durable et prospère.

• Pourquoi utiliser Chat GPT en entreprise ?

Le logiciel Chat GPT permet de réaliser rapidement, et quasi-instantanément, certaines tâches.

A titre d’exemples, l’outil répond à des questions portant sur de multiples domaines, il rédige, il synthétise, il calcule, il code, il crée, etc.

En lisant l’article, ne vous êtes-vous d’ailleurs pas demandé s’il n’avait pas été rédigé pas une IA ?

Les salariés commencent donc à utiliser ce logiciel pour réaliser certaines tâches de leur quotidien.

La société OpenIA précise d’ailleurs que 80 % des actifs pourraient voir 10 % de leurs tâches quotidiennes automatisées.

En exploitant cet outil, les utilisateurs, dont certains salariés, parviennent à gagner du temps, pour autant que leurs demandes puissent être traitées. Ils peuvent ensuite se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée et plus complexes.

Cette intelligence artificielle permet ainsi de gagner en rapidité et en efficacité. Elle tend du reste vers une montée en compétence des salariés.

Un tel usage est aussi profitable pour l’entreprise. Cette dernière peut, à son tour, gagner en productivité et en performance, tout en optimisant ses ressources et ses coûts. L’entreprise peut devenir plus compétitive.

Ces aspects positifs pour les salariés et les entreprises doivent toutefois être relativisés dans la mesure où l’outil présente à ce jour des risques et qu’il connaît certaines limites.

• Quels sont les risques en utilisant Chat GPT en entreprise ?

Si l’outil offre de multiples possibilités, il convient, à ce jour, de rester vigilent quant à son usage eu égard aux risques d’ores-et-déjà identifiés.

En premier lieu, l’outil n’est pas parfait.

Outre le fait que les réponses sont parfois générales et imprécises. Pire encore. L’outil peut générer des réponses erronées, incorrectes, inexactes, biaisées voire obsolètes. Il le rappelle d’ailleurs lui-même sur son site.

Cela s’explique pour différentes raisons :

• D’abord, la manière de formuler sa demande dans l’outil influe sur la réponse apportée. Il faut donc bien contextualiser sa demande au risque que la situation d’espèce ne soit pas bien prise en considération et que la réponse générique ne convienne pas. Dans tous les cas, chaque réponse apportée doit être vérifiée et confirmée par un professionnel.
• Aussi, l’outil fournit des réponses à partir d’une multitude de données qui ne sont pas forcément correctes. Il recense les données d’internet qui ne constituent pas une science exacte.
• Par ailleurs, l’outil n’est pas toujours en mesure de discerner la nuance et la subtilité du langage humain. Sa compréhension et son interprétation peuvent constituer une limite.
• Enfin, l’outil dispose de connaissances limitées. Le logiciel Chat GPT gratuit ne travaille qu’à partir des données connues et enregistrées jusqu’en 2021. Il ne prend pas en compte les sources et évolutions postérieures. Les données avec lesquelles il raisonne peuvent donc être obsolètes, car non mises à jour. Ses connaissances sont, pour l’heure, figée 2021, ce qui peut participer à la désinformation.

Il convient donc d’être particulièrement vigilent avec les réponses apportées dont il est important de vérifier la source pour s’assurer de leur fiabilité.

Il sera du reste souligné que le site ne précise que rarement le fondement de sa réponse. Il est donc difficile de savoir sur quoi il s’appuie réellement.

En deuxième lieu, le sujet de l’absence de confidentialité des données partagée avec l’intelligence artificielle constitue un risque majeur.

Il convient de garder à l’esprit que les données transmises à l’outil peuvent être réutilisées et ne sont donc pas couvertes par le secret. L’usage de l’IA peut donc entrainer une divulgation (à grande échelle) de données stratégiques et sensibles, et ce, de manière non désirée voire inconsciente.

Il convient donc d’alerter les utilisateurs de ce risque qui n’est pas sans conséquence préjudiciable tant pour l’entreprise que pour le salarié. D’ailleurs, il n’est pas exclu qu’un salarié encourt une sanction disciplinaire à ce titre.

Pour être plus concret, il n’est pas exclu d’un salarié partage un document de travail interne confidentiel pour que l’outil le synthétise. Dans ce cas, le document est traité par Chat GPT aux Etats-Unis et peut être réutilisé par le logiciel.

En troisième lieu, il convient de rappeler que les intelligences artificielles ne connaissent pas encore de cadre juridique clairement établi.

Les instances européennes et nationales commencent à appréhender ce nouveau phénomène et à légiférer sur ce sujet. L’idée étant de permette le développement dans un cadre précis et sécurisé.

Pour autant, l’usage de ces IA peut dès maintenant être source de litiges de sorte qu’il faille engager leur responsabilité suite à des préjudices causés aux utilisateurs.

Toutefois, à ce jour, la responsabilité des outils n’est pas formellement encadrée alors que des litiges peuvent survenir, notamment en cas de partage d’informations erronées ayant abouti à des prises de décisions préjudiciables, en cas de divulgation d’informations confidentielles voire en cas d’atteinte aux droits de la propriété avec la reproduction de contenus protégés.

Il faut attendre la publication de texte pour un usage plus sécurisé.

En dépit de ces risques, les salariés et les entreprises font déjà appel aux IA. Les premiers usages sont intéressants car ils mettent déjà en évidence les points de vigilance à prendre en compte.

• Comment Chat GPT est à ce jour utilisé en entreprise et quels sont les points de vigilance à prendre en compte ?

Les salariés s’emparent progressivement de ce nouvel outil pour réaliser leur travail (ex. : recherches, rédaction de courrier ou courriel type, etc).

Si l’outil leur permet de gagner du temps, il peut révéler des « bullshit job », postes qui,  à long terme, peuvent disparaître et donc donner lieu à des licenciements. La crainte quant à la sécurité de l’emploi prend alors tout son sens.

Il n’est d’ailleurs pas exclu de penser que les conséquences de l’intégration des IA dans le Monde du travail devront être abordées lors des négociations sur la gestion des emplois.

De la même manière, les services des ressources humaines peuvent également recourir aux IA pour gérer les recrutements.

Certains services les utilisent déjà à différents titres : rédaction des offres d’emploi, analyse des curriculums vitae et des lettres de motivation, préparation des entretiens d’embauche (synthèse des parcours et questionnaires), etc.

Si le gain de temps est attrayant, plusieurs pièges doivent être évités :

• Il convient d’être particulièrement vigilent sur le risque de discrimination à l’embauche lorsque les procédures de recrutement sont confiées aux IA.

La Société Amazon en a déjà d’ailleurs été victime, lorsqu’elle s’est rendu compte que l’algorithme de son logiciel de recrutement écartait les profits féminins.

• Si l’IA peut rédiger des documents, il convient toutefois de relire les projets soumis pour s’assurer du respect des dispositions légales (mentions obligations ou interdites).
• Les outils utilisés traitent des données personnelles de sorte qu’il est impératif de se mettre en conformité avec la règlementation en vigueur dans le domaine en cas d’usage de ces IA.

A contrario, certaines entreprises ont fait le choix d’interdire l’usage des IA et de Chat GPT en interne, compte tenu des risques encourus. Il convient donc pour les salariés de se plier aux règles sous peine de sanction.

Aussi, d’autres entreprises réfléchissent déjà à créer leur propre Chat GPT interne.

Un « chatbot » interne pourrait en effet répondre aux questions des salariés, tout en sécurisant l’usage, notamment pour la confidentialité des données.

Si cette option est choisie, elle devra être construite avec prudence pour éviter la divulgation d’informations imprécises ou erronées, que les salariés pourraient ensuite revendiquer. Il faudra là encore veiller au respect de la règlementation en matière de traitement des données personnelles.

Pour conclure, il est indéniable que les intelligences artificielles sont susceptibles d’emporter une profonde transformation du Monde du travail. Néanmoins, à ce jour, il convient d’être prudent dans le maniement de ces outils compte tenu des questions encore en suspens et des risques déjà identifiés.

Si les entreprises veulent recourir à l’intelligence artificielle, elles doivent définir leurs besoins et réfléchir à l’intégration sécurisée de ces nouvelles technologies pour le bien-être des salariés et la prospérité de l’entreprise.

L’intelligence artificielle pourra ainsi être utilisée de manière bénéfique tout en préservant les intérêts des entreprises et des travailleurs.

[1] https://www.cnil.fr/fr/intelligence-artificielle-le-plan-daction-de-la-cnil