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Droit du Travail, Les News d'Ellipse
par Arnaud Rimbert

La semaine de 4 jours, ou comment flexibiliser l’organisation de travail de ses salariés

Sécurité

Alors que la pratique se développe de plus en plus dans les pays européens notamment avec des expérimentations en Grande-Bretagne, en Islande ou encore en Espagne, quelques entreprises françaises ont également adopté cette nouvelle organisation de travail.

De plus, dans un contexte où les entreprises ont plus que jamais besoin d’être productives, le Gouvernement réfléchit sérieusement à faciliter la mise en place de ce dispositif.

L’occasion ici de se pencher sur cet aménagement amené à s’imposer petit à petit comme une des normes en matière d’organisation du temps de travail.

Une organisation de travail qui présente de nombreux avantages

  1. Une réponse aux attentes des salariés

Dans un contexte où les salariés recherchent davantage de liberté et de flexibilité dans leur travail, la semaine de travail de 4 jours peut être un atout majeur pour renforcer l’attractivité de l’entreprise et la fidélisation de ses salariés.

En effet, ce concept permet aux entreprises d’apporter des réponses aux attentes croissantes des collaborateurs en matière d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Par cette nouvelle organisation de travail, les salariés bénéficieront d’un jour supplémentaire pour vaquer à leurs occupations personnelles.

De plus, avec la suppression d’un jour de travail dans la semaine, les salariés éviteront un déplacement entre leur domicile et leur lieu de travail. Ce dispositif leur permettra de faire des économies sur leurs frais de déplacement.

Ces nombreux avantages doivent être mis en exergue avec les inconvénients liés à une amplitude horaire potentiellement plus importante et les effets pervers notamment sur la santé que cela peut entraîner.

 

  1. Un pari qui peut être gagnant pour les entreprises

La mise en place de cette organisation peut également permettre aux entreprises de devenir plus concurrentielles.

En effet, la performance et la productivité peuvent être stimulées par la mise en place de ce dispositif.

Par exemple, dans certaines entreprises du BTP ayant adopté la semaine de 4 jours, il a été observé un gain de productivité des salariés par la réduction du nombre de temps « mou » lié notamment aux chargements et aux déchargements du matériel et à la prise de poste sur les chantiers.

De plus, cet aménagement permet aux entreprises de renforcer leur engagement lié à la responsabilité sociétales notamment en réduisant leur empreinte environnementale : qui dit moins de jours en entreprise, dit moins de déplacement en véhicules polluants et moins d’utilisation d’énergie. C’est encore plus vrai si l’entreprise ferme un jour par semaine.

Il faut toutefois garder à l’esprit que derrière l’engouement actuel suscité par le dispositif, changer une organisation du travail n’est jamais anodin.

Comme pour tout nouveau modèle, des garde-fous adaptés seront nécessaires.

En tout état de cause, cette organisation ne sera pas adaptée à toutes les entreprises et les typologies organisationnelles.

 

Un dispositif nécessitant des gardes fous

Si pour certains ce dispositif est synonyme d’un meilleur épanouissement au travail, pour d’autre il peut être source d’une surcharge de travail infernale avec une augmentions importante de la charge quotidienne de travail.

Il convient d’être vigilant sur l’impact sur les éventuelles difficultés organisationnelles que pourrait engendrer la semaine de 4 jours pour les salariés mais également sur l’impact potentiellement négatif sur la santé des salariés.

En effet, certains employés pourraient rencontrer des difficultés à exécuter toutes les missions qui leurs sont confiées.

Ces difficultés pourraient alors engendrer l’apparition de risques psychosociaux tel que le stress et l’anxiété de ne pas pouvoir « produire » autant sur 4 jours, les difficultés à organiser les plannings.

De plus, si cette nouvelle organisation de travail a pour but d’améliorer l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle, l’allongement des journées de travail pourrait avoir un effet pervers sur celle-ci.

Certains pourront rencontrer des difficultés à gérer leur vie familiale et notamment des problèmes pour la garde de leur enfant particulièrement pour les parents isolés.

Enfin, comme pour le télétravail, cette organisation pourrait avoir pour effet corrélatif une perte du collectif de travail.

La semaine de 4 jours réduira les moments d’interaction sociales entre collaborateurs d’autant plus si certains d’entre travaillent déjà en partie en télétravail.

Dès lors, les choses doivent être bien réfléchies, testées, organisées, encadrées juridiquement et régulées au mieux au niveau de l’entreprise.

Il est donc important de rappeler que pour ajuster ce genre de bouleversement d’organisation dans une entreprise, le temps, la patience et l’accompagnement au changement seront nécessaires.

 

Des aménagements de travail variables

Si à première vue, la semaine de 4 jours ne parait pas complexe dans sa mise en place, elle peut cependant recouvrir des réalités très différentes en pratique.

Celle-ci n’implique pas nécessairement une réduction du temps de travail sous réserve de respecter la durée maximale journalière légale et les temps de repos.

Le dispositif mis en place peut-être très varié, selon les contraintes de l’activité de l’entreprise.

Dès lors, l’employeur disposera de plusieurs options pour mettre en place cette nouvelle organisation de travail tel que :

  • Effectuer un volume horaire de 35 heures sur 4 jours sans aucune diminution de salaire. Dans ce cas, le salarié devra être particulièrement autonome et organisé pour effectuer ses tâches en 4/5 du temps initial.

 

  • Effectuer un volume horaire inférieure à 35 heures sur 4 jours, avec diminution de salaire. Ce passage à temps partiel nécessitera la signature d’un avenant au contrat de travail.

 

  • Effectuer un volume horaire inférieure à 35 sur 4 jours sans diminution de salaire après signature d’un avenant.

 

 

Il est conseillé d’engager une négociation collective ou d’ouvrir un échange avec les représentants du personnel ou directement les salariés afin d’obtenir un assentiment d’une forte majorité sur cette nouvelle organisation du travail.

 

De plus, une attention particulière devra être porter aux cadres en forfaits jours. Si leur exclusion du dispositif pourrait créer un sentiment d’iniquité, il est possible de les intégrer à celui-ci. Toutefois, cela reviendrait à réduire le forfait ce qui aura un coût pour l’entreprise.

En tout état de cause, le sujet doit être bien réfléchi en amont avant de se lancer.

Nos équipes sont à votre disposition pour toute question sur la mise en œuvre de ce dispositif.

Article rédigé en collaboration avec Florian MANDON

#organisation #tempsdetravail #semaine4jours


Arnaud Rimbert

Avocat associé, Bordeaux

Avocat expérimenté, j'accompagne les chefs d'entreprise au quotidien pour les aider à faire face à leurs problématiques courantes concernant la gestion de leur personnel au sens large. Disponible, réactif, compétent et souriant, j'aime mon métier et l'exerce avec plaisir.

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